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De la vitamine D pour lutter contre le diabète ?

Une supplémentation en vitamine D pourrait ralentir la progression initiale du diabète de type 2. Les résultats de l’étude publiée dans le European Journal of Endocrinology(1) suggèrent qu’une supplémentation élevée en vitamine D peut améliorer le métabolisme du glucose et aider à prévenir le développement et la progression du diabète chez les patients nouvellement diagnostiqués et chez les prédiabétiques.

Le diabète de type 2

Le diabète est une maladie métabolique caractérisée par une hyperglycémie chronique (excès de sucre dans le sang). Parfois désigné sous le terme « diabète non insulino-dépendant (DNID)  », le diabète de type 2 représente 90 % des cas de diabète. Le nombre de personnes atteintes de diabète de type 2 ne cesse d’augmenter. La maladie se manifeste généralement après l’âge de 40 ans et elle est diagnostiquée en moyenne autour de 65 ans. L’incidence est maximale entre 75 et 79 ans avec 20% des hommes et 14% des femmes traités pour cette maladie. Toutefois, le diabète de type 2 touche aussi de plus en plus de jeunes, y compris des adolescents, voire des enfants. C’est précisément la période durant laquelle s’acquièrent les habitudes alimentaires et celles relatives à la pratique d’une activité physique, deux leviers primordiaux dans la prévention de la maladie.(2)

En France, plus de 3,3 millions de personnes sont traitées pharmacologiquement pour un diabète, soit 5 % de la population.(3)

On attribue cette « épidémie » au mode de vie « occidental » qui favorise la sédentarité et l’obésité (dont une alimentation très déséquilibrée constitue un facteur majeur).

Le tabac et l‘hypertension artérielle constituent également des facteurs de risque.

Une étude récente a également mis en lumière le rôle de la pollution atmosphérique.(4)

Des facteurs héréditaires (génétiques) entrent aussi en ligne de compte. Soumises aux mêmes facteurs environnementaux, certaines personnes deviendront plus facilement diabétiques que d’autres.

Le vieillissement de la population contribue également à cette évolution des chiffres. Sur le plan mondial, l’IDF  (Fédération Internationale du Diabète) prévoit que le nombre de diabétiques pourrait passer de 285 millions en 2010 à 438 millions en 2030.

Des malades qui s’ignorent

Le chiffre de plus de 3.3 millions de personnes atteintes de diabète en France est cependant largement sous-estimé puisqu’il ne tient pas compte des personnes non traitées ou non diagnostiquées. En raison du caractère silencieux de la maladie, on estime que de 20 à 30% des adultes diabétiques ne sont pas diagnostiqués. (2)

Cette maladie impose à la société des charges énormes et se traduit pour les patients par des contraintes lourdes et des risques importants.

Les complications du diabète

Le diabète entraîne des complications graves à long terme, pouvant survenir après 10 à 20 ans de déséquilibre glycémique. La maladie accélère l’athérosclérose, à l’origine d’infarctus du myocarde, d’AVC ou d’artérites (obstruction partielle ou totale des artères) des membres inférieurs. En endommageant également les microvaisseaux, le diabète est aussi à l’origine de rétinopathies (risque de déficience visuelle voire de cécité), de neuropathies périphériques, de néphropathies (insuffisances rénales), de maladies hépatiques (stéatose non alcoolique ou « maladie du foie gras ») ou de problèmes de cicatrisation. Il peut aussi participer à une neurodégénérescence. (2)

Ralentir l’évolution du diabète grâce à la vitamine D

Les personnes à haut risque de développer un diabète de type 2 (en « prédiabète ») peuvent être identifiées par plusieurs facteurs de risque, notamment l’obésité ou les antécédents familiaux de la maladie.

Bien que les faibles taux de vitamine D aient été associés à un risque accru de diabète de type 2, certaines études n’ont trouvé aucune amélioration de la fonction métabolique produite par la vitamine D. Cependant, ces études comportaient souvent un faible nombre de participants ou incluaient des individus avec des niveaux normaux de vitamine D au départ, métaboliquement sains ou avec un diabète de type 2 installé de longue date.


Dans cette nouvelle étude, Claudia Gagnon et ses collègues de l’Université Lavalin au Québec ont examiné l’effet de la supplémentation en vitamine D sur le métabolisme du glucose chez les patients récemment diagnostiqués ou présentant un risque élevé de développer la maladie.

Les marqueurs de la fonction de l’insuline et du métabolisme du glucose ont été mesurés avant et après six mois de supplémentation en vitamine D à forte dose (environ 5 à 10 fois la dose recommandée).

Bien que seuls 46% des participants à l’étude aient présenté un faible taux de vitamine D au début de l’étude, une supplémentation en vitamine D a amélioré considérablement l’action de l’insuline dans les tissus musculaires des participants après six mois.

Le Dr Claudia Gagnon commente : « La raison pour laquelle nous avons constaté une amélioration du métabolisme du glucose après une supplémentation en vitamine D chez les personnes à risque élevé de diabète ou chez celles nouvellement diagnostiquées, alors que d’autres études n’ont pas démontré d’effet chez les personnes atteintes de diabète de type 2 de longue date pourrait être le fait que les améliorations de la fonction métabolique sont plus difficiles à détecter chez les personnes atteintes d’une maladie à long terme ou qu’il faut un temps de traitement plus long pour en voir les avantages. »

Le Dr Gagnon suggère que de futures études évaluent s’il existe des facteurs cliniques ou génétiques individuels qui affectent la façon dont différentes personnes répondent à la supplémentation en vitamine D et si l’effet positif sur le métabolisme se maintient à long terme. Elle ajoute : « Le diabète de type 2 et le prédiabète sont un problème de santé publique croissant et, bien que nos résultats soient prometteurs, des études supplémentaires sont nécessaires pour confirmer nos résultats, afin de déterminer si certaines personnes pourraient bénéficier davantage de cette intervention et d’évaluer la sécurité de la supplémentation de vitamine D à forte dose sur le long terme. Jusque-là, je suggérerais de suivre les recommandations actuelles en matière de supplémentation en vitamine D. »

Carence en vitamine D et population générale

 En dehors du cas spécifique du diabète, on estime que dans les pays occidentaux, plus de 40% de la population de plus de 50 ans présenteraient un déficit en vitamine D, essentiellement en raison d’une alimentation appauvrie en qualité et du manque d’exposition au soleil (en France, le pourcentage de personnes en carence sévère passe de 7% sur la Côte d’Azur à 29% dans le Nord).(5)

Soleil et alimentation appropriée sont donc les premières recommandations pour éviter une carence en vitamine D.

Hélas, les aliments les plus riches en vitamine D – huile de foie de morue, saumon, sardines – sont relativement contaminés par les métaux lourds. Il convient donc d’en limiter la consommation et de consommer davantage de végétaux, comme par exemple les champignons (notamment bolets et morilles).

Quant au soleil, la plupart des experts considèrent qu’une exposition quotidienne, en moyenne 5 à 30 minutes les bras et les jambes, comme raisonnablement sûre. La fourchette « 5-30 » minutes est large car la durée d’exposition profitable dépend de la peau (plus courte pour les peaux claires, plus longue pour les peaux sombres), de l’ensoleillement (latitude, saison) et de l’âge (davantage avec l’âge).(5)

Références

(1) Effects of 6-month vitamin D supplementation on insulin sensitivity and secretion: a randomized, placebo-controlled trial European Journal of Endocrinology, juillet 2019.

(2) Diabète de type 2 Un trouble du métabolisme principalement lié au mode de vie Inserm, février 2019.

(3) Le diabète en France en 2016 : état des lieux Santé Publique France, novembre 2018.

(4) Air pollution contributes significantly to diabetes globally Washington University School of Medicine In St.Louis, juin 2018

(5) Vitamine D : actualité et recommandations Revue Médicale Suisse, 2011.

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