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La restriction calorique, le meilleur régime minceur ?

Une nouvelle étude démontre qu’une restriction calorique – réduction des apports alimentaires – de 300 calories par jour, même chez des personnes minces, produit de nombreux bienfaits.

Vous en avez vaguement entendu parler : manger moins (mais sans carences) permettrait de vivre plus longtemps et surtout en meilleure santé.

Le jeûne, on connaissait déjà, non ?

Oui, mais alors que le jeûne consiste à limiter — voire supprimer — la nourriture pendant une durée limitée, même si elle est récurrente, la restriction calorique consiste à réduire le nombre de calories ingérées chaque jour tout en conservant une alimentation de qualité.

Vous l’avez compris, supprimer de votre assiette les brocolis tout en gardant les chips ne produit pas vraiment la restriction calorique sensée faire de vous un(e) centenaire alerte au teint glorieux et à la crinière étincelante.

Qu’est-ce que la restriction calorique ?

La restriction calorique consiste donc à restreindre les apports caloriques alimentaires au minimum nécessaire, tout en prévenant les carences par des compléments alimentaires naturels et biologiques adaptés si nécessaire. C’est la seule méthode connue à ce jour qui augmente l’espérance de vie maximale, tout en améliorant l’état de santé général.

Historiquement, entre 1941 et 1945, les habitants d’Oslo (Norvège) ont subi une restriction calorique forcée de 20% en raison de la guerre mais sans malnutrition car ils bénéficiaient d’un apport suffisant en légumes frais, pommes de terre, poisson et céréales complètes. Dans cette expérience forcée, la mortalité a diminué de 30% par rapport au niveau d’avant-guerre, tant chez les hommes que chez les femmes.

Toutefois, aucun être humain n’ayant à ce jour été soumis à une restriction calorique de long terme (attention, la malnutrition n’est pas la restriction calorique) contrôlée scientifiquement, il n’est pas possible d’affirmer que celle-ci fera vivre ses adeptes jusqu’à 120 ans.

Par contre de nombreux indices convergent vers une amélioration globale de la santé des pratiquants, et notamment les résultats d’une étude récente.

De nouveaux résultats positifs sur l’être humain

De nouvelles données provenant de l’étude CALERIE (Comprehensive Assessment of the Long-term Effects of Reducing Energy Intake, soit « Évaluation complète des effets à long terme de la réduction de l’absorption d’énergie ») menée pendant deux ans par Duke Health (1) et publiée dans The Lancet (2) suggèrent que pour réduire le risque de maladies graves telles que le diabète et les maladies cardiaques, il existe de bonnes marges de progression.

La différence importante entre CALERIE et les études de perte de poids précédentes est que CALERIE insiste sur la RC (restriction calorique) plutôt que sur une perspective de perte de poids.

L’objectif de cette étude étant de recueillir des informations sur l’évolution de l’état de santé induit par la restriction calorique, les participants sélectionnés n’étaient pas en surpoids, avec un IMC (indice de masse corporelle) entre 22-28. Par conséquent, la perte de poids induite a été modeste (en moyenne 9 kg).

Deux ans plus tard, les participants avaient repris environ la moitié du poids ainsi perdu. Mais malgré ces kilos repris, le poids total et surtout la proportion de masse grasse restaient significativement inférieurs à ceux du groupe de contrôle (participants n’ayant pas pratiqué la restriction calorique). L’étude attribue ce progrès aux nouvelles habitudes comportementales et alimentaires adoptées (3). La restriction calorique peut donc être vue comme une forme de régime minceur, mais ce n’est pas son objectif premier.

Son objectif premier, confirmé par les résultats de l’étude, est l’amélioration de la santé générale.

Une meilleure santé objective

Chez les adultes déjà à leur poids de forme ou ne pesant que quelques kilos en trop, la réduction de 300 calories par jour a considérablement amélioré les taux de cholestérol, la pression artérielle, la glycémie et d’autres marqueurs pourtant déjà satisfaisants. Les résultats de l’étude contrôlée randomisée de 218 adultes de moins de 50 ans sont décrits dans un article du 11 juillet paru dans la revue The Lancet Diabetes & Endocrinology (2).

L’étude, qui fait partie du projet CALERIE en cours avec les instituts nationaux de la santé des États-Unis (NIH), continue de s’appuyer sur l’hypothèse des chercheurs selon laquelle ce n’est pas seulement la perte de poids qui conduit à ces améliorations, mais certains changements métaboliques plus complexes déclenchés par une consommation de calories inférieure à la dépense.

« Il existe quelque chose à propos de la restriction calorique, un mécanisme que nous ne comprenons pas encore mais qui aboutit à ces améliorations », a déclaré l’auteur principal de l’étude, le Dr William E. Kraus, cardiologue et professeur de médecine à Duke. « Nous avons recueilli des échantillons de sang, de muscles et d’autres échantillons de ces participants et continuerons à explorer ce que pourrait être ce signal métabolique ou cette molécule magique ».

Pendant le premier mois de l’étude, les participants ont consommé trois repas par jour. Ces repas étaient conçus pour réduire d’un quart leurs calories quotidiennes afin de les aider à se familiariser avec le nouveau régime. Ils ont pu choisir parmi six types de repas différents, adaptés à leurs préférences culturelles ou à d’autres besoins. Les participants ont également assisté à des séances de conseil individuelles et de groupe pendant les six premiers mois de l’étude, tandis que les membres d’un groupe témoin ont simplement poursuivi leur régime alimentaire habituel et ont rencontré des chercheurs une fois tous les six mois.

Les participants ont été invités à poursuivre la réduction calorique de 25% pendant deux ans. Leur capacité individuelle étant variable, la réduction calorique moyenne sur l’ensemble des participants a été d’environ 12%. Pourtant, ils ont réussi à maintenir une perte de poids de 10%, dont 71% de graisse. Les marqueurs qui mesurent le risque de maladie métabolique ont affiché de nombreuses améliorations. Après deux ans, les participants ont également présenté une réduction d’un biomarqueur témoin d’une inflammation chronique également liée aux maladies cardiaques, au cancer et au déclin cognitif.

« Ceci montre que même une modification moins sévère que celle que nous avons utilisée dans cette étude pourrait alléger le fardeau que représentent le diabète et les maladies cardiovasculaires dans notre pays », a déclaré Kraus. « Les gens peuvent le faire assez facilement en prêtant simplement attention à leurs petits écarts ici ou là afin de les réduire, comme par exemple en arrêtant les grignotages après le dîner. »

Pour beaucoup de gens, suivre un régime n’est pas une expérience très agréable. Mais les chercheurs ont constaté que pour de nombreux participants la restriction calorique était étonnamment supportable. Bien que les participants ayant abandonné l’étude soient plus nombreux dans le groupe au régime que dans le groupe de contrôle, le taux de suivi global s’est révélé élevé. Les chercheurs observant les indicateurs de qualité de la vie ont découvert que les participants en restriction calorique rapportaient un meilleur sommeil, un accroissement de l’énergie et une humeur améliorée (4). Comparés au groupe de contrôle, il ne subissait pas une faim ou des fringales significativement supérieures.

« Rien dans ce que nous avons mesuré n’a indiqué un problème » indique le Dr Susan Roberts.

La principale question qui reste en suspens à l’issue de l’étude est l’augmentation de longévité induite par la restriction calorique chez les humains. Est-elle comparable à celle constatée chez les animaux ? Obtenir la réponse à cette question nécessiterait de prolonger ce type d’étude sur des décennies.

Références

(1) Even in Svelte Adults, Cutting About 300 Calories Daily Protects the Heart.

(2) 2 years of calorie restriction and cardiometabolic risk (CALERIE): exploratory outcomes of a multicentre, phase 2, randomised controlled trial. Kraus WE, Bhapkar M, Huffman KM, Pieper CF, Krupa Das S, Redman LM, Villareal DT, Rochon J, Roberts SB, Ravussin E, Holloszy JO, Fontana L; CALERIE Investigators.

(3) Persistence of weight loss and acquired behaviors 2 y after stopping a 2-y calorie restriction intervention. Marlatt KL, Redman LM, Burton JH, Martin CK, Ravussin E.

(4) Effect of Calorie Restriction on Mood, Quality of Life, Sleep, and Sexual Function in Healthy Nonobese Adults: The CALERIE 2 Randomized Clinical Trial. Martin CK, Bhapkar M, Pittas AG, Pieper CF, Das SK, Williamson DA, Scott T, Redman LM, Stein R, Gilhooly CH, Stewart T, Robinson L, Roberts SB.

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